Cela vous est-il jamais arrivé d’avoir l’impression de vivre toujours le même type de situation, avec le même type de personnes, dans le même type d’imbroglio d’histoires ?
Pensez-vous réellement que le sort s’acharne sur vous dans ces cas-là ? Vous croyez-vous victime d’un destin impitoyable ou devoir payer un acte répréhensible commis il y a des années, voire dans une autre vie, par vous ou un membre de votre famille proche ou éloigné ???
Si l’on regarde d’un peu plus près, avec une caméra plus objective, vous vous rendrez compte que ce qui fait que les mêmes situations se répètent, c’est l’interprétation que l’on fait. En effet, il ne peut s’agir d’une reproduction à l’identique, ne serait-ce que par les différents âges auxquels cela survient, les anecdotes qui ont leur lot de divergences, ou encore les caractères des protagonistes de l’histoire qui en dépit de leur ressemblance, ne sont pas en tous points similaires. Ce qui, en revanche se répète, très souvent, c’est ce que cela occasionne chez vous. Cette petite voix qui vous chante toujours la même rengaine, du style « Moi, on ne m’écoute jamais, on ne me respecte jamais, je compte pour du beurre, je suis nulle !!! »…. Etc, etc. De petites phrases sympathiques auxquelles on colle, sans même en avoir conscience, qui jusque-là ignorées ou émergeant à peine de notre subconscient, ont le champ libre pour voler la place au présent.
Car en effet, dans ce cas-là, nous ne sommes pas présents aux éléments autour de nous. Seul le passé s’invite dans notre tête, voilant notre perception de ses couleurs rances et peu digestes. Le passé est désormais notre présent, ce qui explique que bon nombre des personnes que je reçois ont le regard absent quand elles abordent leurs difficultés, car reparties au moment où s’est plantée la racine de la souffrance. Les expressions du visage, les tensions dans le corps, les émotions, tout cela refait surface comme au premier jour, comme si elles étaient en état hypnotique.
Ceci explique sans doute le fait que nous ayons l’impression de revivre toujours les mêmes choses, car nous serions hypnotisés par notre passé. Ce que nous appelons hypnose, ce sont des résurgences de perceptions grimant notre réel, telles que sensations physiques, tensions, inconfort, sueurs, pleurs, stress nous endormant la réalité et nous faisant rentrer dans les mêmes cauchemars.
Et si nous plongeons un peu plus profondément dans le fonctionnement de ce phénomène illusoire, ça donnerait quoi ? Notre mental est constitué de pensées, mais aussi de leur prolongement c’est-à-dire d’émotions qui s’expriment en réactions ou en comportements. Tout ceci, bien entendu se fait à une vitesse fulgurante et seuls les initiés, notamment ceux mettant à la lumière de leur conscience leur quotidien peuvent en retracer un semblant d’étapes. Si d’ailleurs, nous rappelons l’étymologie latine du mot émotion, ex-movere, signifiant mouvement vers l’extérieur, nous comprenons bien le lien entre émotion et réaction.
Ainsi avons-nous la triplette solidaire, à savoir les pensées, les émotions et les réactions, ou plus précisément les réactions mues par les émotions, engendrées par les pensées. Donc vous l’aurez compris, les pensées sont à la racine de toute réaction. Mais comment marchent-elles ? Essentiellement par association aux perceptions, aux sensations, ainsi une odeur vous fera penser à quelque chose de précis, un endroit fréquenté vous rappellera un souvenir, des mots, des concepts en appelleront d’autres. La tristesse, pour évoquer les émotions, chez certains, évoquera des pensées plus ou moins précises, liées à des souvenirs ou des jugements de cette émotion, ainsi bon nombre de personnes peuvent confondre cela avec de la faiblesse par exemple. Cela dépendra de nos filtres, de nos histoires respectives. Vous pouvez essayer, si vous voulez vous accorder ce temps avant de poursuivre cet article, de vous laisser la liberté d’évoquer maintenant les différentes émotions, comme tristesse, colère, dégoût, surprise, peur… Où cela vous emmène-t-il dans vos pensées ?
Ce fonctionnement algorithmique de nos pensées serait donc à l’origine de ce que d’aucuns appelleraient le karma, c’est-à-dire, à une cause perceptuelle correspondrait une pensée, engendrant elle-même une émotion, provoquant enfin une réaction. Cause, conséquence. Il n’est de ce fait, pas étonnant de comprendre que d’une situation présente rappelant le passé, cela provoque une réaction en chaîne pensées, émotion réaction. Nous ne sommes plus en lien avec la réalité, mais avec le schème conditionné par notre passé. Mais cela ne s’arrête pas là, cette même réaction est elle-même perçue par le mental, générant de ce fait d’autres pensées, en général des jugements, provoquant à leur tour d’autres émotions perpétrant la boucle du conditionnement. Ainsi par exemple, quelqu’un de colérique pourrait exploser et s’en prendre à l’extérieur, puis s’en vouloir, se contenir pendant un temps, puis exploser de nouveau quand le cumul d’émotions atteint un niveau insupportable, générant de nouveau de la culpabilité, puis une contenance etc, etc. Couplet – refrain, reproduction, c’est la loi des séries karmiques. C’est bien dans cette roue de hamster que nous nous retrouvons plutôt que devant le Réel de la situation.
Il s’agit maintenant de découvrir ce que ce hamster cherche à atteindre… Il chercherait vraisemblablement à s’en sortir, à se décharger d’une trop grande tension en lui, le poussant à courir de la sorte. Qu’est-ce qui nous pousserait quant à nous, à tourner en rond ? Prenons l’exemple de cette personne colérique, il est nécessaire pour obtenir l’éclairage indispensable à toute compréhension, de nous relier à la cause de cette colère. La communication non violente nous apprend que les émotions sont un voyant lumineux sur ce qui n’est pas nourri chez soi en termes de besoin, en général, la colère vient pointer en nous un besoin d’être compris, entendu, respecté, pris en considération. Cela vous parle sans doute. Nos réactions en découlant se montrent d’ailleurs en général hautes en couleur pour obtenir cette considération. « Puisque on ne me voit pas, je vais exprimer plus fort ! »
Parions que cette part en nous qui a tant besoin de respect existe depuis bien longtemps, on l’aurait presque pour beaucoup d’entre nous, toujours connue, dans les bancs d’école, à la maison quand on se faisait sermonner ou encore devant des situations considérées comme injustes, blessante, humiliantes, honteuses… C’est exactement là que l’hypnose se fait, la part de nous qui revit ces mêmes inconforts, voire souffrances, reprend du service et nous pousse dans la roue. Cette part de nous, n’est évidemment plus là, elle fait partie de notre passé et se manifeste à nous sous forme de pensées, ces fameuses pensées qui activent l’émotion insupportable que l’on ressent, mêlée probablement d’une irritation certaine à voir se reproduire le phénomène, ou une peur des conséquences potentielles. Le film du passé appelle le film du futur tout aussi dramatique. Le scénario est écrit, y a plus qu’à le jouer.
La proposition ici, serait de court-circuiter la pensée, génératrice du destin, en venant écouter l’énergie émotionnelle qui monte en nous, venir poser l’attention dans le corps et ressentir de manière subtil ce qui s’y passe. Vous serez surpris d’observer que ce geste vers soi, génère déjà de l’apaisement et que vivre l’émotion en termes de ressentis est beaucoup moins anxiogène que de se la raconter. Plus de mots, plus de concepts, seulement des sensations, la gorge qui serre, le ventre qui se noue, des trapèzes qui se raidissent, des fourmillements dans les jambes, une sensation de rétraction au niveau du bassin etc, etc. Ces ressentis sont beaucoup moins porteurs de drame que ne pourraient être des concepts qui s’y rattacheraient du style « on ne m’écoute jamais, je n’existe pas, je me sacrifie et tout le monde s’en fout » etc, etc. Ce qui, soit dit en passant, ne fait qu’alimenter l’émotion en elle-même et gonfler l’énergie qui tente de se libérer dans le corps, comme si nous survoltions notre organisme.
Ressentir, prendre un temps, rompre avec le schème cause – conséquence permet de rompre avec le destin et le karma. Se laisser traverser par ses ressentis corporels, sans que le corps entier ne rentre en solidarité avec. Le corps est le point d’ancrage au présent, il n’est pas obligé de retourner dans le passé, il peut rester relâché, du mieux possible pour peu que l’on garde en conscience le décalage qu’il y a entre cette part en nous hypnotisée et la réalité du présent. Cet ancrage au présent reste l’observateur bienveillant de ce qui se libère en nous, resté captif depuis tant d’années. C’est également une belle manière de s’écouter, de se respecter, et de se prendre en considération, soi-même. Qui peut mieux le faire que notre propre personne, car en vérité, nous cherchons compréhension d’autrui, oui, mais nous sommes tout de même les seuls à savoir comment nous avons traversé telles ou tells situations, épreuves de la vie.
Ainsi l’émotion libérée, envolée et avec elle, le voile sur la réalité, nous pourrons nous relier au vrai de l’instant et y voir des points de divergence avec notre passé nous permettant de trouver des issues différentes. C’est un travail de conscience de longue haleine, y tendre vous permettra déjà de créer un sillon légèrement nuancé et ainsi embarquer vers une destination à découvrir…
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